Résumé :
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Je crains la fatigue, la lenteur, lépuisement, leffondrement. Mais la douleur me tient en éveil, me raidit, me tend. Elle me donne le sentiment dêtre vivante. Doleo ergo sum. Hors de moi est la narration essoufflée dune jeune femme atteinte dune maladie auto-immune, autrement appelée maladie de compagnie, compagne fidèle, dira-t-elle ironiquement, qui la diminue. Le corps sattaque lui-même en tentant de se défendre, les virus opportunistes sengouffrent dans la brèche dune immunité réduite. Hors de moi dit la rage de la malade qui refuse de se soumettre à cette condition. La narratrice analyse avec lucidité la souffrance, dissèque la maladie, ses effets sur l'humeur, la résistance qu'elle tente de lui opposer, le rapport exclusif qu'elle impose. Elle restitue limpuissance de la pensée face à lobsession de la maladie et la manière dont la souffrance devient peu à peu le seul mode dêtre du malade, son sentiment dexister. Pudique, la narratrice fait de létude de son cas une tentative duniversalisation de létat maladif, sécartant de son propre sujet pour devenir un sujet neutre, de même que la maladie est un état neutre, dit-elle. Loin de sombrer dans la résignation et la tristesse, ce récit est porté par lénergie de la colère qui redonne toute sa vigueur au sujet exsangue. Jusquà ce quapparaisse, inattendu et renaissant, le désir.
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