Résumé :
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C'est loin, vu d'ici, la Corée Il ne portait sur lui qu'un petit pantalon de toile Des chaussons de caoutchouc vert et blanc Un bracelet de plastique scellé où quelqu'un avait écrit son nom et l'adresse d'une famille dont il ne savait rien. Il n'avait dans ses poches ni miettes ni cailloux, Rien qui lui permette de retrouver son chemin. Il disait : je porte un masque de Chinois sur un visage d'enfant blanc, Vous ne voyez que le masque. Il a pris son visage entre ses mains, L'a déposé sur le papier, la toile et la terre Et il est reparti.
Comme point de départ au texte, il y a un point de bascule, situé en 1997, lorsque Shin Do Mabardi meurt brutalement, dans un accident de voiture. Il laissait son travail de céramiste, ses dessins, une pile de carnets et, dans la mémoire de ceux qui l'ont connu, une impressionnante douceur et beaucoup de silence. Veronika Mabardi suit les traces que ce frère a laissées, comme on suit une piste. Elle remonte le chemin vers la fratrie, les jeux, les solidarités de lenfance, les liens indéfectibles avec les amis, les premiers choix et les premiers doutes, les parents, leurs valeurs, leurs combats. Les assignations didentité, les dénis, les injonctions à saisir sa chance, à se comporter normalement. Et le chaos qui sinstalle dans la vie de ce frère qui a ébranlé ses certitudes. Quest-ce qui na pas été dit, pas même pensé ? Sauvage est celui qui se sauve est le livre qui naurait jamais dû être écrit. Veronika Mabardi y dresse la cartographie de cette rencontre improbable au sein dune famille métisse et rend hommage à cet homme, ce frère, artiste en devenir, champion de la disparition, qui dansait sur les limites.
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