Résumé :
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Dès les premières lignes, Défaut dorigine plonge le lecteur dans la tête du narrateur, un certain Selber, qui a entrepris un voyage en avion pour retrouver son pays natal quil sétait pourtant promis doublier définitivement. Très vite un deuxième personnage, Roman, un ami de longue date resté là-bas, envahit le livre. Ses pensées se mêlent inextricablement à celles du narrateur en un flux ininterrompu dune noirceur féroce. Le refus de la patrie, la guerre, la relation castratrice mère-fils, lenfermement, la maladie, la quête identitaire (ou plutôt la nécessité de sen défaire), le corps et les limites quil impose, le rapport à lAutre et à lAilleurs : autant de thèmes qui senchaînent et sentrecoupent de remarques sur le rôle de la langue dans laquelle on sexprime, ou celui de lécriture elle-même, de la parole ou du silence. Au fur et à mesure du texte, on assiste à la dépersonnalisation progressive du personnage de Roman, véritable dépossession de soi, au profit dune tentative de fusion dans lAutre (dabord avec les objets, puis avec ses amis, puis dans la langue française, pour aboutir enfin à une fuite dans lécriture au sens large). Ce phénomène fait écho à la dilution du narrateur lui-même, qui parle les paroles de Roman, qui pense ses pensées et qui est sans cesse menacé de devenir le simple réceptacle de ce long monologue. Oliver Rohe entretient une tension dramatique croissante, jusquà ce que se révèle quel est ce défaut dorigine fondamental.
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